J’ai rencontré Jonathan et Cédrick, les fondateurs d’iPhoenix, lors de la soirée de lancement du Festival Zéro Déchet 2018 à la Maison du Développement Durable. Quelques jours plus tard, je rejoins Cédrick au Café Osmo pour faire changer la batterie de mon iPhone 5 et lui poser quelques questions.
Pourquoi as-tu décidé de monter iPhoenix ?

Cédrick Guilbert, co-fondateur de iPhoenix.
« Avant iPhoenix, je travaillais chez un réparateur de cellulaires et je me rendais compte de toutes les réparations qu’on ne pouvait pas faire par manque de connaissances, de temps ou de matériel. J’étais choqué par tous les déchets générés par notre activité. S’il y a un problème de qualité, une entreprise de réparation classique peut jeter tout un lot de batteries, d’écrans et autres pièces aux ordures. Les déchets d’entreprises représentent 50% des ordures collectées à Montréal. Si un réparateur souhaite faire recycler les pièces, il doit payer une entreprise pour ça. Alors que les jeter aux ordures, c’est gratuit. Aujourd’hui, ce que j’espère montrer aux gens, c’est qu’un composant électronique n’est pas une bébête bizarre. Ce n’est pas magique. Quelqu’un l’a conçu, quelqu’un l’a construit. Et quelqu’un peut le réparer ! Les carte-mère sont souvent prétendues irréparables. En réalité, des solutions existent si on a des connaissances en électronique. »
Comment savoir que la carte-mère est à réparer?
« Si le téléphone présente un problème de tactile alors que l’écran a été réparé ou si l’appareil s’éteint tout seul alors que la batterie est correcte, c’est probablement un problème de carte-mère. D’autre part, les dégâts liquides causent souvent de la corrosion sur la carte-mère. Changer la carte-mère, c’est sauver une bonne douzaine de composants fonctionnels qu’on aurait gaspillés sinon : les caméras, l’écouteur, l’écran, le châssis, l’antenne, la batterie, etc. »
Maintenant que j’ai une toute nouvelle batterie, as-tu des conseils pour la faire durer ?
« Pour préserver la batterie, utilise toujours un câble et un bloc de charge originaux. Il sont munis de puces sécurisées qui empêchent de trop charger. Pas comme les chargeurs qu’on achète au dépanneur ou à la pharmacie … Laisse descendre le téléphone dans le rouge avant de le recharger, c’est à dire à 10% ou 20% de batterie; mais évite de l’utiliser en dessous de 5%. Ça vaut pour pour tous les modèles équipés d’une batterie au lithium. À part ça, c’est une bonne idée de réinstaller son smartphone tous les ans. On accumule toujours des applications, des petits fichiers à gauche à droite… Si les performances de l’appareil commencent à faiblir, on peut commencer par le réinstaller. »
Pistes Vertes approuve le minimalisme appliqué au téléphone ! Less is more. Moins d’applis superflues, moins de gaspillage, plus de temps pour jouer dehors !
Une chose à ne pas faire ?
« Mettre ton téléphone dans du riz. Ça ne sert à rien ! »
Pour ceux qui se souviennent d’un appareil ressuscité après deux semaines dans le riz, Cédrick est formel : “L’eau a fini par s’évaporer, comme elle l’aurait fait sans riz. Tu risques seulement de te retrouver avec de la poussière de riz dans ton appareil, ou un grain de riz coincé dans le connecteur. J’ai vu ça plusieurs fois. »
Faut-il sauvegarder ses données avant de venir vous voir ?
« Si possible, c’est mieux. Mais c’est pas nécessaire pour un remplacement de batterie. »
Les 3 réparations les plus courantes ?
« L’écran, la batterie … et un dégât liquide qui provoque un court circuit sur la carte-mère. »
Ta réparation la plus compliquée ?
« La réparation n’est pas l’étape la plus compliquée. Le plus long, c’est la recherche de panne. C’est comme un labyrinthe. Ça peut prendre… beaucoup de temps ! »
Si la réparation coûte trop cher, que recommandes-tu ?
« Surtout, ne le mets pas dans un tiroir ! Si tu considères que la réparation coûte trop cher, c’est probablement que tu as déjà un autre téléphone. Dans ce cas-là, donne celui qui ne te sert pas à quelqu’un de ton entourage, ou confie-le à Recycle Mon Cell. Suivant le modèle et la panne, on peut parfois le revendre à quelqu’un qui le réparera, ou le revendre une fois réparé. »
Comment as-tu débuté dans l’électronique ?
« J’étais présentateur technologie à l’époque du premier iPhone. J’aimais beaucoup aider les clients à choisir les meilleurs appareils pour répondre à leurs besoins. Puis j’ai travaillé en téléphonie, où ça me plaisait de conseiller les meilleurs forfaits. Mais mes employeurs attendaient de moi que je recommande aux clients de changer de téléphone, de prendre un plus gros forfait… Bref, de leur faire dépenser plus. Cette démarche marketing ne correspondait pas à mes valeurs. J’ai appris à réparer pour répondre à un besoin; mais le principe de la réparation ne faisait pas de sens à l’époque pour mes patrons. Économiquement parlant, ce n’était pas intéressant pour eux. »
Qu’est-ce qui te manque de ta vie de salarié ?
« L’argent ! (rires) Et, la difficulté de trouver du soutien. Quand tu es dans une entreprise, tu n’as pas besoin de chercher de soutien à l’extérieur, tu n’es pas seul. Ceci dit, je ne me suis jamais senti aussi bien. La liberté, faire ce que tu veux, ça, c’est agréable. »
Dans ta vie personnelle, te considères-tu comme écolo ou grano ?
« Non ! Parce que je pourrais faire bien plus… Et puis j’aime pas les étiquettes. Quand j’ai soif, je vais me chercher une canette. Mais j’essaie de transmettre mes valeurs à mes enfants. Je ne consomme pas de vêtements; peut-être une paire de pantalon aux 3 ans. Mais j’assume le fait d’être consommateur. En revanche, je répare, je construis … récemment j’ai converti un lit Ikea brisé en bibliothèque ! Au travail, on ne produit presque pas de déchet ; un sac par mois. En me rendant compte que c’était possible avec iPhoenix, je me suis dit que je pourrais faire mieux dans ma vie personnelle. Mais c’est assez récent, depuis que j’ai des enfants. »
Quels sont vos projets chez iPhoenix ?
« Un client m’a dit une phrase qui m’a marqué : Les gens ne savent plus rien faire. L’école ne nous apprend pas à subvenir à nos besoins. On ne sait pas faire pousser un fruit. En 2019, on aimerait mettre en place des programmes en collaboration avec des écoles. Faire en sorte que les écoles soient des lieux de collecte, apprendre aux enfants à démonter, recycler … C’est important d’inculquer ces valeurs aux enfants, ils sont notre avenir ! »
Deux jours plus tard, mon iPhone 5 renaît de ses cendres. Alors que le vent glacial soufflait hier, j’ai osé le sortir de ma poche par -20. Et il a tenu bon, plus besoin de traîner mon chargeur partout avec moi. Si vous voulez confier votre iPhone à iPhoenix, rendez-vous sur leur site pour prendre rendez-vous. Pour d’autres façons d’acheter et entretenir son téléphone de manière écoresponsable, lisez cet article.
Crédit photo : Fictis.org
Il est très bien ce gars-là . Il sait parler de ses expériences pro et comment il a évolué en restant modeste, respectueux des autres et des biens matériels. Et merci pour les conseils sur les téléphones portables. Il peut former d’autres personnes : il va déborder de travail après cet article ! 😀
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